Parcoursup 2023 : à quoi s’attendre ?

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Parcoursup 2023 : à quoi s’attendre ?

Le 18 janvier s’ouvre la nouvelle édition de Parcoursup. Les candidats auront ensuite jusqu’au 9 mars pour candidater aux formations de leurs choix, puis jusqu’au 6 avril pour constituer leurs dossiers. 

Alors que le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye assure que « ce n’est pas un algorithme qui casse des vocations », à quoi peuvent s’attendre les candidats cette année ?  

Quelques changements à la marge

Les candidats peuvent tout d’abord s’attendre à être bien seuls face à la plateforme et aux choix à faire. 

Le locataire de la rue de Grenelle l’avait annoncé en septembre, Parcoursup devait gagner en « lisibilité » et en « transparence » pour des élèves faisant souvent part de leur sentiment d’être abandonnés face à des choix difficiles à faire. 

Ainsi, le Ministère a pris le taureau par les cornes, avec la mise en place… d’une FAQ ainsi que d’un tchat sur le site de l’ONISEP ! Et qu’il ne vienne à personne l’idée saugrenue de recruter plus de Psychologues de l’éducation nationale pour accompagner sérieusement et sur la durée les jeunes dans leurs parcours. 

Autre nouveauté, la publication des « critères d’analyse des candidatures ». Entendez par là les critères de sélection. Une évolution qui fait gagner en transparence la plateforme, ces critères de sélection étant souvent dissimulés ou bien flous. 

Sur la « Fiche formation » d’une Licence informatique à l’université Paris 8, on apprend par exemple qu’« il est conseillé aux lycéens de suivre les enseignements de spécialité Mathématiques et Numérique et sciences informatiques ». Il apparaît alors clairement que le choix des spécialités en première et terminale a une influence essentielle sur les possibilités d’être accepté ou non dans une formation. Pourtant, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lors de la mise en place de la plateforme, assurait que cela ne serait pas le cas. Promis, juré ! 

Ces timides évolutions ne changeront en revanche rien au fond de la plateforme : celle-ci fera toujours son travail de sélection et d’éjection de milliers de jeunes de l’enseignement supérieur comme elle l’a fait en 2022. 

Les ministres mentent…

Avec cette nouvelle édition, il faut aussi s’attendre à beaucoup de mensonges. 

Lors de la publication des chiffres de l’édition 2022, le gouvernement avait redoublé d’efforts pour vanter les mérites de Parcoursup, à grand renfort de campagnes de communications. 

Commandée en septembre par le gouvernement, une enquête arguait que 68 % des candidats étaient « satisfaits » des formations proposées. Un chiffre aussitôt mis en avant à coup de visuels sur les réseaux sociaux gouvernementaux. 

On aura en revanche moins entendu le gouvernement à propos d’un autre chiffre de ce même sondage : 28 % des candidats se disaient eux « insatisfaits » des réponses obtenues. Si l’on considère le sondage fiable, cela représenterait tout de même 262 000 jeunes considérant que Parcoursup n’a pas été efficace pour eux. Une broutille, donc.

Problème, ces chiffres ont certainement été sous-évalués par le sondage, en raison d’un échantillon pipé par le gouvernement, qui s’est lui-même chargé de trouver les 1 001 sondés pour l’institut. Cet échantillon ne rend en effet pas compte de la population lycéenne : alors que les lycéens en bac professionnel représentent presque 30 % des effectifs, ceux-ci ne représentaient que 9 % des sondés. Lorsque l’on sait que ce sont ceux-là même qui essuient le plus de refus sur Parcoursup, la manœuvre apparaît grossière et indécente. 

Autre élément clé de l’exercice d’autosatisfaction du gouvernement, la mise en avant du chiffre de 93 % de candidats ayant reçu au moins une réponse sur la plateforme. Cela serait alors le signe que cette plateforme fonctionnerait pour l’immense majorité des candidats. 93 % en effet, ce n’est quand même pas rien. Encore une fois ici, tout dépend du sens dans lequel on prend le chiffre. Pris dans l’autre sens, cela signifie que 7 % n’ont, eux, rien obtenu, correspondant à 65 000 jeunes à qui Parcoursup n’a rien proposé. Excusez du peu encore une fois. 

Par ailleurs, pour les 93 % ayant reçu une proposition, rien ne dit que celle-ci correspondait à la formation voulue vraiment par le candidat, les vœux n’étant plus classés par ordre de préférence. Enfin, rien ne dit non plus que les candidats ont accepté ces propositions. 

… mais pas les chiffres 

Pour « debunker » les fake news du gouvernement et savoir vraiment à quoi peuvent s’attendre les candidats cette année, il faut commencer par éteindre sa télé et arrêter de suivre Elisabeth Borne et Pap N’diaye sur twitter. 

Ensuite, il faut se rendre sur le site du ministère de l’enseignement supérieur, dans la discrète rubrique « Études et statistiques », onglet « Notes flash du SIES ». C’est ici qu’on y retrouve un document publié en octobre 2022, cette fois-ci sans gros efforts de communication par le gouvernement, intitulé « Parcoursup 2022 : les propositions d’admission dans l’enseignement supérieur ». 

On découvre alors que pour l’édition 2023, les candidats devront aussi s’attendre à beaucoup de sélection, et de déception.

Calculette en main, on peut alors additionner le taux d’élèves ayant quitté la plateforme sans avoir reçu de proposition, ceux qui l’ont quitté après avoir reçu une proposition positive et ceux l’ayant quitté sans proposition positive. On arrive alors au chiffre de 14,7 % de l’ensemble des inscrits sur la plateforme. Soit environ 1 candidat sur 7 ayant quitté Parcoursup sans aucune formation. 

Une petite règle de 3 plus tard, on découvre alors que cela correspond à 84 378 jeunes sans aucune formation suite à leur passage sur Parcoursup. Et si l’on regarde pour les élèves issus de la filière professionnelle, le constat est encore pire, puisque le calcul nous permet d’arriver à 28,4 % des candidats ayant quitté la plateforme sans formation. Un chiffre qui confirme, si cela était encore nécessaire, la ségrégation sociale opérée par Parcoursup, les élèves des lycées professionnels étant très largement issus des classes les plus défavorisées. 

On pourrait être tenté, en ce début d’année, de formuler le vœu que l’édition 2023 de Parcoursup ne fasse pas sa sale besogne de sélection sociale, mais il s’agirait-là d’un vœu pieu. 

Souhaitons-nous simplement que, pour une fois, le gouvernement cesse son entreprise de désinformation annuelle et permette aux citoyennes et citoyens de voir la réalité derrière la plateforme de sélection.

En deux mots, qu’il assume. 


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