Plus que quelques mois avant la fin de l’année scolaire ! Les phases de vœux sont closes, et une période importante s’ouvre pour beaucoup de jeunes. Pour ce numéro, l’Avant-garde a interrogé une lycéenne et une étudiante sur leurs ressentis.
Maya a 18 ans, elle est en classe de terminale à Tarbes, et Hasnia, 21 ans, elle est étudiante en dernière année de licence à Albi. Qu’il s’agisse de Parcoursup ou de Mon Master, toutes deux sont confrontées aux plateformes de sélections, et sauront, à l’issue, ou est-ce qu’elles seront affectées l’année prochaine !
Une fin de lycée quelque peu angoissante
Maya est interne au lycée Marie-Curie de Tarbes. Originaire d’Ariège, elle a choisi cette petite ville, préfecture des Hautes-Pyrénées, pour pouvoir exercer au conservatoire. Son rêve, c’est de faire de la musique son métier. À la fin de l’année, elle va passer les concours des conservatoires de Paris et Toulouse, et souhaite obtenir, en parallèle, une licence d’histoire, ou d’anthropologie pour faire du journalisme.
Pour elle, Parcoursup, c’est un peu comme les Hunger Games. Tout le monde est jeté dans l’arène, et c’est chacun pour soi : « je suis allée voir la conseillère d’orientation pour lui dire que je voulais faire de la musique, elle m’a dit : “je te verrais bien diplomate”. Mes potes, c’est pire, ils ont peur de ne rien avoir à la clé ».
Ce qui la rassure, c’est qu’au moins le conservatoire ne passe pas par la plateforme. Malgré les difficultés, ça lui évite les “lettres de motivation qui ne sont pas lues” et le processus dévalorisant. Maya déplore que ses spécialités ne favorisent aucun débouché : « quand je les rentre sur Parcoursup, l’application m’informe : “aucun résultat trouvé sur cette doublette”.».
C’est sa prof de musique qui l’aide dans ses démarches. Elle l’aide à constituer son CV et ses lettres de motivations, et elle lui montre même comment chercher un appart : “si elle n’était pas là, je ne sais pas comment j’aurais fait. À part une vague intervention du proviseur, on n’a accès à rien. J’ai discuté avec une amie hier, elle n’était pas au courant des deadlines pour le CROUS”.
Malgré ça, elle reste optimiste sur la suite de son parcours. Faire de la musique, ça l’aide un peu à gérer la pression.
Des aspirations revues à la baisse à cause de la sélection
Hasnia a un parcours un peu différent. Étudiante en psychologie, elle n’a jamais changé de département. C’est d’ailleurs parce qu’il y a un campus à Albi qu’elle a pu faire des études : « je viens d’une famille avec une histoire compliquée, si je n’avais pas été prise à Champollion, je ne pense pas que j’aurais pu faire des études »..
Elle a toujours voulu travailler dans le social. Son souhait, c’est de se spécialiser sur la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles. Pour ça, elle vise un master à Clermont-Ferrand, mais ne se fait pas trop d’illusion.
En psychologie, la sélection est énorme. L’une de ses amies a postulé dans une formation où le taux d’admission est d’à peine 1%. Pas parce qu’il est trop prestigieux, parce que le nombre de places est trop faible : « il y a une coupure quasi systématique, c’est rare de faire la licence, puis directement le master. Vu mon dossier, je ne me fais pas d’illusions ».
Pourtant, elle nous indique que « en psychologie, on ne fait rien avec une licence. Si on n’a pas le master, on est obligé de recommencer l’année d’après, ou de se réorienter ». Beaucoup envisagent même de se laisser redoubler pour obtenir les meilleures notes. Son plan, c’est de trouver un travail ou un service civique qui lui permettent de compléter son dossier.
Des parcours de vie de plus en plus difficiles
Le point commun dans ces deux parcours de vie, c’est que c’est de plus en plus difficile. L’angoisse première de Maya, c’est de savoir comment faire, pour payer un appart’, et financer ses études. Pour le moment, elle mise tout sur les bourses et les logements du CROUS, et ne sait pas trop comment faire autrement. Avec la licence et le conservatoire, ça risque d’être difficile de prendre un emploi, même à mi-temps.
Beaucoup de ses camarades travaillent déjà en prévision, parfois même à 16 ans : « Mac-do, restauration, animation : tout ce qui est possible ! J’ai une amie qui veut faire un prêt étudiant, vu qu’il lui demande d’avoir une certaine somme, elle travaille déjà toute l’année pour mettre de côté. C’est absurde. ».
Hasnia, elle, travaille à côté de ses études dans plusieurs petits boulots. Les logements du CROUS, elle connaît bien : elle a mis plus d’un an et demi à en bénéficier. Avant cela, elle vivait chez ses parents ou se faisait héberger la semaine chez des amis.
C’est le cas de beaucoup de monde à Albi. Vu qu’il n’y a pas beaucoup de places en cité U, la plupart des étudiants restent chez leurs parents, parfois jusque tard : « le problème c’est quand on doit faire des aller-retour d’une heure et demie, pour deux ou trois heures de cours seulement ».
Pour elle, le coût de la vie, c’est déjà une présélection. « aujourd’hui l’un des premiers critères pour savoir quoi faire, c’est les moyens qu’on a », nous dit-elle à propos de son frère qui n’a pas continué après la licence, pour accéder le plus rapidement possible à un salaire.
Une chose est certaine : l’une comme l’autre n’ont pas l’intention d’abandonner, bien au contraire !