« Missak et Mélinée Manouchian. Un couple en résistance » : une biographie pour comprendre et se souvenir

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« Missak et Mélinée Manouchian. Un couple en résistance » : une biographie pour comprendre et se souvenir

Gérard Streiff signe une biographie des deux résistants communistes pleine de respect, de sensibilité, de camaraderie et de volonté de transmettre, documents à l’appui.

Une lecture riche d’enseignements pour tous les jeunes qui s’intéressent à la panthéonisation de ces étrangers qui ont risqué et donné leurs vies pour libérer la France. L’occasion de nourrir la réflexion à l’heure où le pouvoir s’enfonce dans une dérive xénophobe.

Aux éditions l’Archipel, l’auteur, journaliste et romancier, livre un récit précis dans un style très agréable à lire, aussi bien sur le parcours de Missak et de Mélinée que parfois sur celui de leurs camarades moins connus. On suit la vie de Missak, ouvrier, poète, journaliste, et le rôle du couple dans la communauté arménienne, leur entrée en clandestinité, puis en résistance, jusqu’au passage à l’action armée. On comprend la construction politique du couple, sur de nombreuses années. De même, l’ouvrage explique patiemment le travail de préparation, de réseau, de définition des objectifs militaires, de mise en œuvre de la Résistance. Presque de jour en jour, on découvre les pseudonymes, les lieux de rendez-vous, les planques, les précautions et les protocoles. Gérard Streiff explique comment le groupe Manouchian finit par tomber, à l’aide de témoignages et de restitution de l’enquête de police. Le procès est un moment important, où l’occupant et les collaborateurs tentent de manipuler l’opinion en divisant les Français et les étrangers résistants.

Le livre rend compte aussi de l’évolution de la mémoire du peuple français, du Parti communiste, vis-à-vis de la résistance des Francs-tireurs partisans — Main-d’œuvre immigrée, dès l’affiche rouge et la libération jusqu’à aujourd’hui, en passant par les polémiques des années 1980.

On termine notre lecture par une réflexion sur les luttes pour la difficile obtention de la nationalité après-guerre et le refus des autorités françaises de changer d’avis sur l’immigration toujours vue comme un danger.


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