Mardi 22 août, le gouvernement japonais a annoncé avoir demandé à la Tokyo Electric Power Company Holdings (TEPCO) de procéder rapidement à ses préparatifs en vue du rejet dans la mer des eaux traitées par ALPS (Advanced Liquid Processing System). Stockées à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi conformément au plan de mise en œuvre approuvé par la Commission de réglementation de l’énergie nucléaire (l’agence nationale japonaise), leur rejet a effectivement commencé le 24 août.
La politique contre la science
Au cours des deux dernières années, l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) a mené un examen détaillé des aspects liés à la sécurité de la manipulation et du rejet de l’eau traitée. Elle a publié son rapport complet le 4 juillet 2023, concluant que les rejets sont conformes aux normes de sécurité internationales et auraient un impact radiologique négligeable sur les personnes et l’environnement.
Au cours des dernières semaines, les discours alarmistes ont pullulé dans les médias et sur les réseaux sociaux, propageant la peur par les approximations et les fausses informations. Parmi les principaux désinformateurs : les responsables d’EELV et de la FI, des associations comme Greenpeace ou Reporterre, dont l’obsession anti-nucléaire se fonde et prolifère sur une profonde inculture scientifique.
En plus d’instrumentaliser la catastrophe de 2011, beaucoup extrapolent sur le nucléaire français et considère que cela prouve l’existence d’un danger imminent, sans doute par crainte ou fantasme d’un tsunami sur la Côte d’Opale…
Les rejets comportent-ils vraiment des risques ?
Après le tsunami ayant inondé la centrale en 2011, de vastes quantités d’eau de mer ont immergé ses niveaux inférieurs, s’ajoutant aux eaux de refroidissement déjà présentes dans la centrale. Des remontées de nappes phréatiques, des ruissellements de montagnes et les eaux de pluie se sont également ajoutées à ce mélange.
La rupture du confinement avait laissé le combustible à découvert, chargeant l’eau environnante en matières radioactives. Au total, 1,3 millions de m3 d’eau contaminée ont été stockés puis traités.
Ces eaux ont donc été traitées grâce à l’ALPS, un système consistant en une succession de pompes et de filtrages, par coprécipitation puis adsorption, éliminant 62 types de radionucléides différents.
Le traitement a permis de ramener la concentration des différents radionucléides très en dessous des normes internationales, à l’exception du tritium qui ne peut être éliminé. Le tritium étant un isotope de l’hydrogène, il s’incorpore dans la molécule d’eau (H2O), c’est ainsi l’eau elle-même qui devient radioactive.
Toutefois, seules des doses hautement concentrées de tritium constituent un risque pour la santé. Avant d’être rejetée, cette eau est abondement diluée dans de l’eau de mer pompée : « il y a trois pompes et chaque canalisation associée peut acheminer 170 000 tonnes d’eau par jour, soit 510 000 tonnes au total ; la capacité de dilution est donc de 1 000 fois », détaille Kenichi Takahara, ingénieur de TEPCO.
L’eau est rejetée via un pipeline de 2,5 mètres de diamètre, à 11 mètres de profondeur, à plus d’un kilomètre de la côte.
Les simulations montrent ainsi que les concentrations de tritium à plus de dix kilomètres au large resteront quasi identiques à celle de l’eau de mer normale. Cette concentration de tritium devra rester en dessous de 1 500 becquerels par litre (Bq/L) dans l’océan.
Or, la recommandation de l’OMS est de 10 000 Bq/L maximum pour l’eau potable, c’est-à-dire pour disposer d’une eau sans risque pour la santé. Un humain adulte moyen émet naturellement une radioactivité de 6 600 Bq, 1 500 Bq correspond à la radioactivité naturelle… d’un enfant de 3 ans.
Il serait donc beaucoup plus risqué de passer au milieu de l’aire de jeux du parc le plus proche que de nager dans les eaux au large de Fukushima. Sachant cela, les militants anti-nucléaires vont-ils bientôt interdire les rassemblements d’enfants au nom du risque des radiations ?