Coupures de courant : comment en sommes nous arrivés là ?

publié le dans
Coupures de courant : comment en sommes nous arrivés là ?

Cela fait des mois qu’on nous l’annonce, nous y arrivons enfin : l’hiver de la rigueur est là. Depuis quelques semaines, le Gouvernement multiplie les déclarations au sujet des coupures de courant, également appelées délestages, que pourront subir les ménages et les entreprises. 

Dans un pays comme la France où la production électrique n’est d’ordinaire pas un souci, une question se pose : comment en sommes nous arrivés là ?

Les causes de la situation actuelle

Un délestage est une coupure de courant temporaire et programmée, effectuée dans le but de préserver l’intégrité du réseau. Cette pratique survient pendant les périodes de grande tension, au cours desquelles il n’y a plus suffisamment d’énergie pour couvrir l’ensemble des consommations.

Pendant très longtemps, et jusqu’à ce que la crise énergétique commence il y a un an, personne n’envisageait l’éventualité de coupures programmées. Aujourd’hui nous y sommes pourtant, et les explications sont multiples.

La raison principale, et celle que l’on pouvait pourtant le mieux anticiper, est l’arrêt prolongé d’une grande partie des centrales nucléaires du pays. Alors que la France est un des leaders de l’atome dans le monde, les choix politiques des derniers gouvernements ont tendu à détruire le savoir-faire de la filière. Depuis une dizaine d’années, les annonces de fermetures de centrales se multiplient, et la diminution de la main-d’œuvre provoque des dysfonctionnements. Ce faisant, alors qu’une vingtaine de centrales sont encore à l’arrêt, les examens et les travaux de maintenance prennent du retard, ce qui pèse sur la production d’électricité.

2022 ayant été une année particulièrement sèche, EDF a également eu du mal à remplir ses réservoirs d’eau, réduisant de façon inévitable les capacités de production hydroélectrique. Cependant, la France a veillé à faire ses provisions concernant le gaz : le blocus sur la Russie contraint à faire des réserves pour les hivers à venir.

Partant de tout cela, et du fait que nous devons compter sur les importations (carbonées) pour préserver le réseau, à quels risques de coupures peut-on s’attendre ?

Quelles sont les conséquences ?

Enedis et RTE, les gestionnaires du réseau électrique, ont déjà donné des indications après la journée de test de vendredi. 

Avec l’application Ecowatt, des signaux « rouges » seront envoyés la veille des coupures aux ménages concernés par les délestages. Les arrêts devraient avoir lieu aux pics de consommation, de 8 h à 13 h et de 18 h à 20 h, et n’excéderont pas une heure. Les opérateurs espèrent un maximum de 6 signaux rouges dans l’hiver.

Mais des annonces en cascade ont surpris, dans la mesure où les ménages ne seront pas les seuls touchés. Jeudi 1er décembre, Pap Ndiaye a indiqué que les écoles fermeront le matin dans les zones touchées par les délestages. Il en va de même pour les universités.

S’agissant des personnes à risque, et notamment des patients sous respirateurs, le porte-parole d’Enedis a surpris en estimant qu’ils n’étaient pas prioritaires en cas de coupures. Élisabeth Borne est revenue sur ces propos et a indiqué qu’un dispositif spécial serait déployé auprès des personnes concernées… il ne reste plus qu’à espérer ne pas en constater l’inefficacité. Les informations lâchées au compte goutte par le gouvernement trahissent la gestion calamiteuse de la situation. Les Français payent encore une fois le manque d’anticipation des macronistes, ce qui n’est pas sans rappeler la crise sanitaire.


Édition hebdomadaire