L’année 2022 s’est distinguée par un taux d’inflation exceptionnellement élevé, qui a touché en particulier les prix de l’énergie. Le Gouvernement avait alors multiplié les coups de pouce et les chèques, pour aider les ménages à supporter cette hausse tout en évitant les hausses de salaire. Qu’en est-il en 2023 ?
Des dispositifs qui évoluent
Trois aides principales ont été mises en place récemment pour faire face à l’inflation. Citons d’abord le bouclier tarifaire sur les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité : prévu par la loi de finances pour 2022, son objectif était de geler les prix du gaz et de limiter à 4 % la hausse des prix réglementés de l’électricité.
Depuis le 1er janvier pour le gaz, et à partir du 1er février pour l’électricité, ces verrous monteront à 15 % de hausse autorisée : selon le gouvernement, cela permet une dépense supplémentaire des ménages 8 à 10 fois inférieure à ce qu’il serait advenu sans le bouclier tarifaire.
La multiplication des chèques est symptomatique de la crise que nous traversons, mais aussi du mandat de Macron en général. En 2022, après avoir distribué plusieurs chèques énergie à la manière dont Willy Wonka distribue les tickets d’or, le gouvernement a annoncé la prolongation du dispositif sous différentes formes en 2023.
Nous voilà désormais avec un chèque exceptionnel de 100 à 200 € versé aux 40 % des ménages les plus pauvres, un chèque fioul d’un montant identique pour atténuer la hausse des prix du pétrole, et un chèque bois de 50 à 200 € pour certains ménages utilisant cette source de chauffage.
Les automobilistes sont enfin bien en peine depuis la levée des remises à la pompe accordées par l’État et TotalEnergies. Ce dispositif dégressif accordait une diminution de 30 centimes par litre jusqu’en octobre 2022, puis de 10 centimes jusqu’au 1er janvier 2023. Alors que chacun a passé une partie de sa Saint-Sylvestre à faire le plein pour profiter des derniers moments de la remise, les prix affichés en station sont maintenant 20 centimes supérieurs à ceux de décembre.
Un petit chèque carburant versé à environ 10 millions de travailleurs doit toutefois compenser cette hausse : le père Noël n’a pas fini sa tournée…
Des dispositifs insuffisants
Derrière ces chèques ponctuels et précaires, l’exécutif tente de cacher les échecs de sa politique énergétique. En se maintenant dans le cadre du marché européen, qui indexe le prix de l’électricité sur celui du gaz, le gouvernement se tire une balle dans le pied.
En effet, la France exporte son électricité car elle produit suffisamment pour sa consommation intérieure, et pour moins cher que dans les pays voisins. L’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz élève le premier bien au-dessus de son coût de production, pénalisant les ménages, les collectivités locales et les entreprises. Et l’Etat compense en partie les hausses de factures d’électricité par de l’argent public. On marche sur la tête !
Alors que nous sommes étouffés depuis de nombreuses années par la mise en concurrence des opérateurs d’énergie, les macronistes ont poursuivi la politique hollandienne de diminution du personnel dans les centrales nucléaires. Les logiques de rentabilité dans le domaine de l’énergie ont définitivement pris le pas sur l’intérêt des consommateurs, s’il fallait encore en douter.
La guerre en Ukraine a également vu apparaître son lot de profiteurs. Les principaux acteurs du domaine pétrolier, à commencer par TotalEnergies, ont réalisé des profits record en 2022… sur le dos des automobilistes et de l’État.
Face à la voracité des actionnaires, et amadoué par la remise sur les prix accordée par Total, le gouvernement n’a su répondre que timidement à la revendication de taxer les superprofits : comment taxer ce qui n’existe pas ?