Bac pro : une première mobilisation réussie

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Bac pro : une première mobilisation réussie

Ce mardi 12 décembre, tous les syndicats enseignants professionnels ont appelé à la grève et aux rassemblements.

À Paris où nous étions, la mobilisation démarrait place de la Sorbonne, direction le Ministère de l’Éducation Nationale. Les Jeunes communistes étaient présents derrière une large banderole. 

En effet, une campagne pour la défense des lycées professionnels a été lancée par l’organisation. 

Mais pourquoi cette manifestation ?

Nos ministres, Mme Carole Granjean et M. Gabriel Attal, déploient depuis ce début d’année scolaire une réforme visant à transformer le parcours du lycée professionnel.

Selon les termes du gouvernement, il s’agirait de faire de cette filière : “une voie de réussite, choisie par les élèves et leurs familles, reconnue par la société et les entreprises et qui offre de meilleures conditions d’exercice du métier aux enseignants”. 

Et ceci via trois axes principaux : “Lutter contre le décrochage scolaire ; améliorer la réussite dans les poursuites d’études ; améliorer l’insertion professionnelle des lycéens”.

Mais derrière cette communication creuse, il s’agit clairement d’une dévolarisation de la filière actuelle. Ainsi, la perspective de réussite promue par le gouvernement est la suivante : transformer promptement les lycéens en employés d’entreprise.

C’est contre cette vision, arguments à l’appui, que les enseignants étaient mobilisés cette semaine. 

Témoignages et arguments 

Car sous couvert d’insertion professionnelle, c’est bien la perte de 70 h de cours d’enseignements généraux qu’implique la réforme. Si l’on ajoute les pertes progressives que subissent les lycéens depuis 2018 : 170 h d’enseignements généraux s’envolent. Sans parler des 90 heures d’enseignements professionnels qui vont, elles aussi, être supprimées. 

Pour aller où ? Dans des stages qui ne correspondent pas nécessairement à leur filière d’étude. Par exemple, un lycéen visant à se qualifier dans la vente peut se retrouver en stage dans une entreprise de nettoyage. Et pour justifier cela, le gouvernement prévoit évidemment une carotte avec une triste rémunération  : 1 euro de l’heure environ.

Sigrid Gérardin, cosecrétaire générale du premier syndicat de l’intersyndicale des lycées professionnels (SNUEP-FSU), nous rappelle qu’avant cette réforme, une autre avait causé la perte de 30 % des postes d’enseignants : la réforme Blanquer. L’intersyndicale envisage bien d’autres actions, la colère étant fort présente pour ceux qui défendent l’intérêt de nos lycéens. En effet, ce mardi, la responsable syndicale assure que 40 % des enseignants de lycée professionnel se sont mobilisés.

“Nos mômes sont vus comme des outils de travail” 

Nous avons aussi pu nous entretenir avec des enseignants venus manifester, ces acteurs quotidiens de l’émancipation de la jeunesse, qui œuvrent en première ligne pour que chacun accède à la réussite : celle qui épanouit, construit, qualifie.

Les termes employés sont parfois rudes : “cassage du lycée professionnel”, “miroir aux alouettes” (en parlant du maigre salaire récolté pendant les stages), “nos mômes sont vus comme des outils de travail”. Adrien P. quant à lui, enseignant d’un lycée professionnel de banlieue parisienne, regrette l’absence des lycéens à la manifestation. Ce même enseignant toutefois, suite à la demande de participation de ses élèves, leur avait exprimé : “la grève, ce n’est pas pour les lycéens”.

Si la présence de plusieurs parlementaires a pu grossir les rangs de ce cortège, la mobilisation contre cette “réforme à l’encontre des intérêts des enseignants et de la jeunesse” risque de s’amplifier.

Heureusement, les syndicats et organisations de jeunesse ne sont pas les seuls mobilisés.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF s’est par exemple exprimé ce mardi sur X: “Non à la casse des enseignements, oui à une réforme ambitieuse, avec des moyens et du temps pour former des futurs salariés et des citoyens conscients des enjeux de demain”.


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