Il existe des anniversaires qu’on ne peut pas manquer, les 15 ans d’Uber sont de ceux-là.
L’entreprise, pionnière dans le capitalisme de plateforme, a apporté tant d’innovation dans le domaine de l’exploitation humaine, qu’elle a donné son nom à un ensemble de nouvelles pratiques. Les expressions de travailleurs uberisés ou d’ubérisation sont désormais couramment utilisées pour qualifier simplement une situation qui n’a rien de simple.
Pour fêter cet anniversaire comme il se doit, l’Avant-Garde est revenu au travers d’articles sur le phénomène Uber et sur les différents aspects de ce modèle de plus en plus (tristement) répandu. Happy birthday !
Comprendre un phénomène
De quoi l’ubérisation est-elle le nom ? Exploitation exacerbée, dérégulation, individualisation, participation à la dégradation de l’environnement… Uber, importation des États-Unis, constitue un condensé de capitalisme, dans ce qu’il a de plus destructeur.
Malgré une arrivée finalement assez récente en France, la seule évocation d’Uber renvoie à une série d’images et de représentations sociales. Qui n’a pas en tête l’exemple du coursier, tenu de pousser sur la pédale, des conditions de stress et d’heures non comptées ?
Ainsi, malgré la complexité de ses ramifications, de sa logique propre, l’ubérisation a cet avantage malheureux d’être un phénomène très concret, tant la violence sociale qu’il comporte est parvenue à se banaliser.
C’est pourquoi la première mission d’un tel dossier est de répondre à un impératif de connaissance. Comment a-t-on pu laisser une telle situation s’installer ? Quelles en sont les dynamiques cachées, entre ma commande et ma livraison ?
Combattre un système
Après la sidération, la question qui s’offre à nous est la même face à toute innovation du libéralisme : comment riposter ?
Uber n’est pas une entreprise isolée, un alien de l’économie. Il s’agit d’un type, d’un exemple de ce qui existe. Uber est parfaitement intégré dans le système capitaliste actuel, dont il n’est qu’un prolongement.
L’uberisation, pour sa part, n’est rien d’autre qu’un modèle, efficace et profitable dans le contexte actuel. S’il ne parvient pas à évoluer et à se maintenir, ce modèle sera remplacé par un autre, plus rentable.
Uber a des alliés, des soutiens politiques de par le monde. Mais Uber peut également être combattu. Mais, en tant qu’émanation d’un système plus large, une multinationale n’a pas vocation à être combattue pour elle-même. En comprenant le système Uber, on se rapproche d’une meilleure analyse de l’exploitation humaine au sens large. Et donc de sa dénonciation.
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