D’un coût de 100 millions d’euros, dont 69 millions pour la ville, le projet « Nexity » prévoit de transformer l’actuel rond-point, une immonde dalle de goudron dangereuse et inhospitalière, en une esplanade arborée accessible aux piétons et aux cyclistes.
La porte de Montreuil est une entrée stratégique dans Paris et le quartier le plus pauvre de la capitale. Ce réaménagement attendu depuis déjà 21 ans commence à faire des impatients.
C’est l’agence TVK, spécialiste de l’aménagement de l’espace public, et à qui l’on doit notamment la nouvelle place de la République, qui fut choisie à l’issue d’un concours international. Le Nouveau Programme national de Renouvellement urbain (NPNRU) « Les Portes du 20e » a réuni les deux projets d’aménagement porte de Montreuil et Python-Duvernois.
Côté Montreuil, une grande « halle » longitudinale a vocation à abriter le marché aux puces qui se tenait jusque-là à ciel ouvert sur un parking. Une façade de 850 mètres de bureaux doit être érigée sur le talus du périphérique. Enfin, un hôtel-pont quatre étoiles doit fermer l’esplanade au nord et surplomber l’autoroute.
Conseiller de Paris et élu PCF du 20e, Jacques Baudrier est une solide référence dans les domaines des transports d’IDF et un ardent défenseur du projet de la porte de Montreuil. Il répond aujourd’hui à nos questions.
La porte de Montreuil est aujourd’hui l’un des quartiers les plus pauvres de Paris. Comment ce projet profitera-t-il aux habitant·e·s ?
La couverture du périphérique au centre de la place, la création d’un espace vert de 7000 m² et la plantation de 224 arbres supplémentaires va créer un espace beaucoup plus agréable à proximité des habitations de la porte de Montreuil.
La couverture du périphérique va permettre de réduire de façon conséquente les nuisances sonores. Les habitants de la porte de Montreuil subissent la proximité d’un des endroits les plus laids et déqualifiés de Paris. Avec la réalisation du projet, il sera beaucoup plus agréable.
Le réaménagement de la Porte est prévu depuis 21 ans maintenant. Quelles sont les raisons expliquant un tel délai ?
Un premier projet urbain a été lancé en 2001. Mais il a échoué pour des raisons techniques : il supposait une couverture du périphérique avec des modalités techniques inadaptées. Le coût avait été sous-estimé de près de 80 millions d’euros.
Ce n’est qu’en 2014 qu’un projet urbain a pu être relancé grâce à la sélection du quartier comme l’un des 200 projets nationaux de renouvellement urbain.
En tant que conseiller de Paris délégué aux Grands Projets de Renouvellement Urbain, j’ai porté ce dossier et la concertation de 2014 à 2020. Les premiers travaux sont attendus pour 2023, soit 9 ans après la relance du projet.
C’est le temps (long) que prennent les projets urbains complexes.
Comment le projet permettra-t-il d’assurer une continuité entre Paris, Montreuil, et Bagnolet ?
Aujourd’hui le rond-point très routier crée une coupure forte entre les trois villes. Demain la couverture du périphérique et la limitation de l’espace dévolu aux voitures (qui est aujourd’hui surdimensionné) feront de ce rond-point routier une place piétonne et végétale.
Les habitants de Paris, Montreuil et Bagnolet pourront la traverser dans des conditions agréables, ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui. La création d’activités et de commerces permettra aussi de faire le lien.
Les élus EELV et de la droite manœuvrent désormais pour entraver le projet. Pourquoi ce revirement alors qu’il avait été à l’origine voté à l’unanimité ?
Pendant 8 ans, le projet a été soutenu par tous les élus. Aucun élu du 20e ou de Paris n’avait émis un vote contre lors des nombreux votes de délibérations en conseil de Paris et du 20e arrondissement.
Le revirement des élus EELV tient sans doute à leur volonté de se différencier du reste de la majorité municipale. Il est de mon point de vue irresponsable : ce revirement est beaucoup trop tardif, il ferait perdre 10 ans au quartier et aux habitants.
De plus, cela aurait des conséquences financières lourdes. La Ville de Paris devrait verser 40 millions d’indemnités aux porteurs du projet. Trop de dépenses ont déjà été engagées.
Le revirement des élus LR est encore plus caricatural. Au conseil du 20e, début octobre 2022, le responsable LR a voté pour le projet et l’a fortement soutenu. 10 jours après, il a voté et dit exactement le contraire au conseil de Paris, y compris sur le même texte.
C’est d’évidence une manœuvre politicienne pour mettre en difficulté notre exécutif. Prendre ainsi en otage les habitants du quartier le plus pauvre de Paris est pour moi lamentable. Heureusement, le vœu voté au conseil de Paris d’octobre 2022 par une alliance LR-EELV contre le projet n’a aucun impact juridique et n’empêche en rien la poursuite du projet.
Le projet semble bénéficier d’un très fort soutien populaire. Comment se manifeste-t-il et comment y participer ?
En tant qu’élus et militants communistes du 20e, nous avons voulu demander leur avis aux habitants, qui sont les premiers concernés. Ils nous ont réaffirmé très largement leur soutien au projet, et leur impatience : ils veulent que les travaux démarrent.
Nous avons donc lancé rapidement une pétition. En trois semaines elle a réuni plus de 1300 signatures, pour la plupart des habitants du 20e et de Montreuil. Certains matins sur le marché du boulevard Davout, les habitants faisaient la queue pour signer notre pétition.
Si vous êtes des habitants du 20e, de Montreuil ou de Bagnolet, n’hésitez pas à signer la pétition sur le site des élus communistes parisiens.