L’intelligence artificielle fascine autant qu’elle inquiète. Un peu comme internet il y a 25 ans, c’est une véritable révolution technologique. Faut-il la limiter, la freiner, craignant qu’elle ne détruise des emplois ou ne devienne incontrôlable ? Faut-il lui donner un cadrage éthique ? Des garde-fous ? La vraie question est ailleurs : à qui profite l’IA ? Sera-t-elle mise au service du capital ou du travail ?
Si l’IA a permis des progrès scientifiques énormes, notamment en termes de santé ou d’industrie, son développement est accaparé par une poignée de multinationales, qui l’utilisent pour maximiser leurs profits.
Entre les mains des capitalistes, nul doute que l’IA servira à exploiter toujours plus le travail et la planète, maximiser les profits, diviser les travailleuses et travailleurs pour empêcher les luttes sociales, nuire à la conscience de classe.
Pourtant, cette technologie pourrait être un formidable outil d’émancipation. Si elle était mise au service du plus grand nombre, elle permettrait de supprimer des tâches pénibles, d’améliorer les services publics, de libérer du temps pour chacune et chacun. Cela suppose une appropriation démocratique, un véritable contrôle populaire de son développement et de ses usages.
Aujourd’hui, un être humain produit plus vite, et mieux qu’hier. Si ces gains de productivité étaient mis au service du travail et non pas du capital, nous pourrions largement augmenter les salaires et réduire le temps de travail. Le progrès technique, c’est un enjeu de classe.
En 1974, dans Le défi démocratique, Georges Marchais expliquait que la modernisation ne doit pas être un instrument au service des puissants, mais un levier de progrès social. Cela passera nécessairement par une éducation populaire à l’IA, pour que tout le monde puisse comprendre et maîtriser ces outils, et pas seulement une élite. Comme on a appris à utiliser l’informatique et la domotique, il faut que l’IA devienne un bien commun accessible à toutes et tous.
L’IA n’est ni une menace, ni une promesse magique. Elle est un enjeu de classe. Soit elle renforce l’exploitation, soit elle permet l’émancipation. À nous de conquérir cette appropriation démocratique, pour qu’elle serve enfin l’intérêt général.