Le 3 avril dernier, le sénateur communiste Fabien Gay annonçait que le groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Ecologiste – Kanaky (CRCE-K) allait déposer un projet de loi visant à nationaliser EDF, ENGIE et Total Energies. L’idée est de créer un grand monopole public – Groupe énergie de France (GEDF) – afin de faire baisser les prix et de décarboner l’énergie. Pour le sénateur, cela permettrait de faire sortir 12 millions de personnes de la précarité énergétique.
Un projet digne du CNR…
Dans son éditorial du 27 avril pour L’Humanité, le sénateur assume : cette loi est aussi ambitieuse que la création du monopole public EDF-GDF en… 1946, à l’initiative du communiste Marcel Paul.
En effet, cela voudrait dire sortir des logiques de rentabilité qui animent aujourd’hui le marché de l’énergie pour en faire un bien commun. Cela implique de sortir du marché européen de l’énergie, dont les prix sont indexés sur le gaz, alors que la production française d’électricité est à plus de 50% décarbonée.
Mais c’est aussi un projet qui va à l’encontre de tout ce que font les gouvernements depuis Giscard : alors que l’on privatise toujours plus, les communistes veulent nationaliser. Alors que les services publics sont de plus en plus mis à mal et sous-financés, le groupe CRCE-K veut en créer un nouveau.
…qui sortira 12 millions de personnes de la précarité énergétique
Ce projet sortira, selon le sénateur séquano-dionysien, 12 millions de personnes de la précarité énergétique. Chacun sait que l’inflation est particulièrement forte dans le domaine, du fait d’un bouleversement dans la chaîne d’approvisionnement, notamment en gaz et en pétrole, lié à la guerre en Ukraine. Ce conflit n’est pas la cause unique de cette inflation qui s’élève à plus de 60% entre janvier 2022 et janvier 2024. La hausse des prix couplée à un marché concurrentiel privé a alimenté une bulle spéculative que l’État a accompagnée via les tarifs réglementés.
Un service public de l’énergie permettrait de sortir de ces logiques de spéculation en indexant les prix sur les coûts de production. Puisque le coût d’un mégawattheure d’énergie nucléaire est actuellement de près de 70 € et qu’il est amené à baisser d’une quinzaine d’euros d’ici à 2040, in fine la facture d’électricité baissera.
Un combat écologique autant qu’économique
Au-delà de ce projet particulier, il est important de noter que ce combat s’inscrit dans une logique de long terme des communistes, dont l’énergie est l’un des chevaux de bataille. Le plan climat Empreinte 2050 du Parti communiste paru en novembre 2023 en est la preuve : l’énergie est inscrite dans une logique de développement durable, ce qui ne va pas sans l’amélioration des conditions d’existence du plus grand nombre.
Ainsi, ce service public de l’énergie s’inscrit dans un projet de développement durable visant à réduire l’empreinte carbone au maximum d’ici à 2050 pour limiter l’ampleur du réchauffement climatique. Il entraînera de fait un mieux-vivre par la hausse des ressources disponibles dans la mesure où chaque euro qui ne part pas dans la facture d’énergie peut être alloué à d’autres dépenses.