Alors que groupe Casino procède à des vagues de licenciement au sein de ses établissements. L’Avant-Garde a rencontré Tristan, victime de cette politique de casse de l’emploi.
Bonjour Tristan, tu nous expliquais avoir été licencié du groupe Casino. Que s’est-il passé ?
Je travaillais dans un Franprix (l’enseigne appartient au groupe Casino) à côté de mes études de médecine.
C’est arrivé peu de temps après les annonces des difficultés économiques du groupe. Casino a choisi de revendre certains de ses magasins, à Carrefour notamment. J’ai initialement vu ça dans la presse et je ne me doutais pas de grand chose.
J’ai été contacté début mars par mes responsables, et c’est au moment où j’arrivais au travail qu’ils m’ont annoncé mon licenciement.
On m’a d’abord fait croire que j’avais enfreint le contrat de travail. Mais, étant resté dans les closes telles que définies par le contrat, n’ayant jamais fait autre chose que mon boulot, j’ai décidé de creuser, et j’ai découvert qu’ils n’avaient absolument rien contre moi. Ils ont fini par me dire qu’il s’agissait plutôt de motifs économiques.
J’attends aujourd’hui les derniers papiers pour officialiser ma dernière fiche de paie.
Comment vis-tu aujourd’hui ce licenciement ?
En tant que tel, je n’étais pas particulièrement attaché à ce travail, il s’agissait d’un boulot alimentaire à côté des études, que j’avais d’ailleurs prévu de quitter à la fin de l’année. En revanche, c’est sûr que c’est embêtant au niveau du timing : il ne reste que deux mois avant la fin de l’année, juste avant les partiels, qui nécessitent un maximum de temps afin de pouvoir réviser.
Je me retrouve aujourd’hui sans salaire. J’ai pu vivre le mois de mars avec ma paie de janvier. Pour le mois d’avril, j’ai le solde de tout compte qui va arriver. J’ai un peu d’argent de côté, mais il va falloir que je m’en tienne au strict minimum, que je serre la ceinture. Pour le mois de mai, je suis dans le flou, je ne sais pas encore comment subvenir à mes besoins, d’autant plus que c’est au moment des examens. C’est loin d’être une situation agréable.
Disons que travailler à côté de ses études impose de planifier son année : étudier, travailler et concilier les deux. Mon licenciement vient renverser cet équilibre déjà instable. Je repars de zéro sans vraiment savoir où je vais.
Comment le groupe Casino justifie-t-il cette vague massive de licenciements ?
On ne m’a donné aucune justification autre que le fait qu’il s’agisse d’un plan national de réduction des effectifs. En discutant avec les représentants syndicaux du groupe, Casino aurait laissé entendre que cela s’inscrit dans l’optique d’un rachat : la masse salariale serait réduite afin de se rendre plus attractif.
C’est ce que m’a laissé entendre un représentant syndical avec lequel j’ai échangé. Les représentants syndicaux, plus généralement, n’ont pas pu me donner d’autres justifications à l’exception du fait qu’il s’agisse d’un plan national.
Tu es donc entré en contact avec les représentants syndicaux. Qu’est-ce qui se prépare pour la suite ? Une riposte face à ce plan national est-elle amenée à voir le jour ?
De ce que m’ont dit les syndicats, le plan national n’est pas véritablement annoncé, pas écrit. Ils souhaitent, dès lors, poser ouvertement la question à la direction concernant la réalité de ce plan et ses modalités, ou s’il s’agit simplement d’une entourloupe vendue aux étudiants licenciés.
Les étudiants sont effectivement les premiers à être licenciés parce qu’il s’agit de contrats faciles à faire sauter. De plus, lorsqu’on est étudiant, on n’a pas accès aux allocations chômage, donc ça ne coûte rien à l’entreprise (excepté le solde de tout compte).
De ce que m’ont dit les syndicalistes, le groupe annonce des choses qui ne sont pas édictées. Ils vont leur demander de clarifier la situation, de faire un vrai plan de licenciement avec des closes qui seront discutées, sinon, ils les attaqueront en justice.