“La mobilité partout, pour tous…” voilà ce qu’affirme la loi d’orientation des mobilités de 2019. Pourtant, les quartiers populaires subissent toujours un enclavement, et une difficulté pour se déplacer qui s’ajoutent aux nombreuses autres inégalités subies.
Les quartiers populaires, identifiés dans les politiques publiques comme “quartiers prioritaires de la ville” (QPV) subissent des inégalités profondes et diverses en matière d’accès aux transports, créant une situation d’enclavement. Quantité et qualité des transports en commun sont inégalitaires entre urbains et habitants des banlieues, difficile alors d’accéder à l’emploi ou la formation dans des quartiers où ces services manquent déjà.
Contre le cliché de la voiture comme marqueur de classe, les habitants des QPV utilisent moins la voiture, pour 4 déplacements sur 10 contre 6 en milieu urbain, au profit de la marche ou des transports en commun. Cette sobriété subie se fait au détriment des habitants, pour qui les transports en commun ne sont à l’heure actuelle pas la solution parfaite face au manque de lignes, transports surchargés ou encore aléas quotidiens et horaires peu compatibles avec les nombreux travailleurs de nuit.
Outre l’aspect financier, les déplacements impliquent un savoir-faire et une capacité à se repérer, lire la signalétique, face auquel des inégalités demeurent notamment sur le plan de l’âge, de l’origine sociale ou de la maîtrise de la langue.
Des progrès sont faits au niveau local depuis quelques années pour une meilleure intégration des quartiers populaires, mais ils restent trop timides face à l’ampleur du problème dans certaines villes. De surcroît, la tendance est souvent à la construction de lignes uniquement entre les centres-villes et les banlieues, ce qui empêche leur développement propre.
L’État ne se saisit pas réellement du problème, malgré les nombreuses sollicitations des maires des quartiers populaires depuis des années, les laissant gérer seuls une problématique complexe et coûteuse. La communication d’Emmanuel Macron suite aux manifestations des banlieues après la mort de Nahel illustre parfaitement ce mépris face aux problèmes de fond auxquels sont confrontés les habitants.
Un “tarif minimum dès la première connerie”, voilà sa réponse infantilisante face aux jeunes des quartiers populaires qui subissent l’enclavement depuis des années. Cette ségrégation territoriale repose sur des facteurs socio-économiques divers, qui nécessitent d’agir sur plusieurs fronts pour y mettre fin.