« La jeunesse aura le premier rôle pour construire le monde de demain »

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« La jeunesse aura le premier rôle pour construire le monde de demain »

Pour clôturer cette édition 2024 de la Fête de l’Humanité, nous avons posé quelques questions à Thibaut Weiss, directeur de la Fête de l’Humanité.

Comment la Fête de l’Humanité s’est-elle adaptée au contexte actuel, marqué par les crises en France, et est arrivée à articuler luttes sociales, internationales pour les rendre accessibles aux jeunes ?

La Fête de l’Humanité, de par son enjeu politique et son caractère événementiel, doit chaque année s’adapter à un contexte politique et social qui évolue, malheureusement, souvent vers le pire. C’est encore ce que nous avons vécu ces derniers mois avec la montée, annoncée inexorable, des idées et des votes d’extrême droite en France et en Europe, des politiques de guerre qui se multiplient à travers le monde et du déni démocratique d’un homme qui décide seul sans respecter le choix des Français et qui plonge le pays dans un trouble sans précédent. 

Ces crises pourraient bien sûr trouver des issues positives, mais cela nécessite de créer les conditions d’un débat d’idées éclairé et lucide d’une part, et de l’écoute et du respect du peuple de l’autre. C’est ce que nous nous efforçons de faire chaque année en organisant cette belle et grande Fête populaire. 

L’idée même de cette Fête est d’y inviter toutes les femmes et tous les hommes qui luttent et qui rêvent d’une société plus juste et plus égalitaire, que chacun y trouve sa place et en devienne acteur. Ainsi, nous multiplions les portes d’entrées pour qu’un public le plus large possible trouve une raison de venir à la Fête. Au-delà des grands débats qui se tiennent à l’agora, les concerts, les expositions, le cinéma, le théâtre, le sport, sont autant de terrains qui doivent participer à la vie politique et qui trouvent une place fondamentale à la Fête. 

Organiser une soirée festive en soutien au peuple palestinien, projeter un film qui libère la parole des femmes, produire un spectacle mettant à l’honneur les combats de Jean Jaurès, inviter un groupe qui dénonce les violences policières, sont autant d’outils qui nous permettent de nous adresser à l’ensemble du peuple de la Fête et en priorité à la jeunesse. Cette jeunesse, qui vient d’ailleurs de plus en plus nombreuse à la Fête, aura le premier rôle pour construire le monde de demain et nous l’invitons à faire de cette Fête son espace d’expression et de revendication pour les années à venir.

Dans cette course folle qu’a dû être cette édition pour toi, quels temps ont été les plus forts ?

La Fête, chaque année, est une succession de temps forts qui nous font parfois perdre la tête à ne plus savoir où s’arrêter par peur de manquer quelque chose. Il est donc compliqué de s’extraire du cadre général et de l’atmosphère festive, conviviale et combattive qui s’en dégage. Mais s’il fallait ne garder que quelques moments, j’en retiendrais un par jour. 

Vendredi et le dernier concert en plein air de Shaka Ponk devant 70 000 personnes sur la scène Angela Davis, un moment d’anthologie qui a fait trembler le sol de la base 217 toute la soirée. 

Samedi midi et la prise de parole d’Angela Davis, encore elle, à l’agora de l’Humanité. Le public s’entassait sur des centaines de mètres pour pouvoir écouter les sages paroles d’une icône intellectuelle et militante qui nous faisait l’honneur de sa présence. 

Dimanche, l’intervention de Dominique de Villepin sur la situation internationale et son accueil chaleureux de la part des militants de la Fête. Cette image démontre bien que, malgré les divergences politiques, le débat d’idées doit vivre et que nos valeurs d’humanité nous ouvrent un chemin de paix, de solidarité et de vivre ensemble.

Majestueuse, c’est le mot choisi par Thibaut Weiss pour décrire cette Fête de l’Humanité.


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